Vendredi 23 juin, à une heure et demi de l’entre-deux du match 5 décisif des finales de Pro A opposant Chalon-sur-Saône à Strasbourg, l’ancien basketteur pro Steed Tchicamboud et son fils Jayson Tchicamboud (15 ans) étaient en route pour assister à l’épilogue de la saison du championnat de France.
Sachant que dans la famille Tchicamboud, le père a été auteur d’un triplé historique (vainqueur du championnat de France, de la coupe de France et de la Semaine des As) avec l’Élan Chalon en 2012 et que le fiston aîné va rejoindre le centre de formation de la SIG à la rentrée, l’occasion était parfaite pour discuter de l’avenir de la relève.
Quel est le parcours de Jayson dans le basket ?
Steed Tchicamboud : Il a commencé le basket à 3 ans. A l’époque, je jouais en Pro B à Châlons-en-Champagne. Ensuite, il m’a suivi dans tout les clubs dans lesquels j’ai joué : Saint-Quentin où il côtoyait Barbitch, Cholet où il était surclassé d’un an et était dans la même équipe que Kilian Hayes, puis Nancy et Chalon-sur-Saône. Puisqu’il n’y avait pas de championnat de France minimes à Chalon-sur-Saône, on a choisi qu’il aille au pôle espoir de Lyon au lieu de celui de Bourgogne. Parallèlement, il était donc affilié au club de Roanne avant de s’engager dernièrement avec le centre de formation de Strasbourg.
Jayson a toujours été surclassé de 1 ou 2 ans. Des années minimes, il en a joué quatre dont deux en championnat de France à Roanne, une en inter-région et une autre en région à Chalon. Avec la sélection régionale du Lyonnais, il a aussi été surclassé la première année pour disputer le TIL (tournoi inter-ligues), qu’il a remporté avec les 2001. Avec sa génération, les 2002, ils ont terminé troisième cette année.
« Jayson a toujours été surclassé de 1 ou 2 ans »
A la suite du TIL, Jayson a été sélectionné pour participer au camp national puis a été convié aux tests d’entrée au Centre Fédéral, qu’il a réussi avec succès. Dans ce cas, pourquoi avoir décidé de le diriger vers un centre de formation de club plutôt que l’Insep ?
Steed Tchicamboud : Ce que Strasbourg a proposé à Jayson, c’est de l’intégrer le plus tôt possible au groupe professionnel. En allant à l’Insep, qui est malgré tout une très bonne structure pour les jeunes, il fallait attendre trois années. A la rentrée, il va commencer la saison avec les cadets, mais très vite jouer en Espoirs. C’est le projet. A lui de montrer qu’il peut le faire.
D’autres structures étaient-elles sur les rangs pour l’accueillir ?
Steed Tchicamboud : D’autres centres de formation étaient intéressés. Dont Barcelone à l’étranger. Mais on n’a pas donné suite. Jayson est passé par toute la filière française, donc c’est mieux qu’il reste en France.
Jayson a été pré-sélectionné en équipe de France U15. Quel va être son programme estival ?
Steed Tchicamboud: Du 1er au 9 juillet, il va effectuer un stage de pré-sélection. Ensuite, lorsque la sélection finale sera établie, il y aura un autre stage qui se conclura avec le tournoi de l’amitié.
« La NBA, c’est mon but. Je travaille pour ça » Jayson Tchicamboud
Frank Ntilikina est le premier joueur français formé à la SIG à être drafté en NBA. Souhaites-tu être le prochain ?
Jayson Tchicamboud : C’est mon but. Je travaille pour ça. C’est ce que je veux faire.
Dans cette optique, vises-tu une invitation à des événements internationaux majeurs pour lesquels ta génération sera éligible la saison prochaine ?
Jayson : J’espère faire partie des joueurs qui vont être sélectionnés pour participer au Jordan Brand. D’abord à Barcelone, puis à celui de Brooklyn. Prendre part à l’Adidas Nation est aussi un objectif.
Pour ta première expérience avec les Bleuets cet été, quels seront tes objectifs individuels et collectifs ?
Jayson Tchicamboud : Premièrement, j’espère déjà être pris dans le groupe. Ensuite, d’être le premier meneur. Dans les années à suivre, ça serait de rattraper les 2001. Collectivement, remporter une médaille l’année prochaine au championnat d’Europe.
Très jeune, tu as été habitué à remporter des trophées ou des médailles. Cette année, tu as obtenu deux médailles de bronze, en club et en sélection régionale. Qu’est-ce que vous a coûté l’Or lors du Final Four U15 élite avec la Chorale de Roanne ?
Jayson Tchicamboud : Avant la demi-finale, on était très excité. On n’a pas réussi à se calmer et se concentrer sur le match. Je pense que c’est ça qui nous a tué. A la fin de la rencontre, on ne voulait même plus jouer la petite finale. Mais on s’est rattrapé. On a quand même obtenu la troisième place ainsi qu’une médaille.
« Un jour, il m’a dit : « Papa je veux être basketteur professionnel ». » La phrase qu’a prononcé Jayson Tchicamboud à son père Steed
Connais-tu certains de tes futurs coéquipiers à Strasbourg ?
Jayson Tchicamboud : Je connais presque tous les entrants. Il y en a beaucoup qui viennent de Pfastatt. Cette équipe nous a battu au Final Four. Lucas Beaufort était dans l’équipe d’Alsace. Il a été au camp national avec moi. De même que Clément Frisch.
Qu’est-ce que la carrière de ton père, ancien basketteur professionnel, t’apporte pour ton développement ?
Jayson Tchicamboud : J’ai vu comment ça se passe dans le monde du basket. La fatigue, les déplacements, etc. J’ai vu mon père remporter des finales, être MVP du All-Star Game, disputer l’Euroleague. Je suis aussi allé voir la finale de l’EuroBasket 2011 en Lituanie face à l’Espagne. J’ai plein de souvenirs. Je pense que ça va m’aider à gérer la pression lors des gros matchs. Par ailleurs, il m’a aidé dans mon choix d’aller à Strasbourg. C’est lui qui m’a conseillé. Même si c’est moi qui ai pris la décision finale.
Steed Tchicamboud : J’ai été très dur avec lui. Pendant les années où j’étais à Chalon, après chaque entraînement pro, sa mère venait le déposer à la salle. Il avait 9-10 ans et on faisait 1 à 2h d’entraînement. Les gens disaient que j’étais trop dur avec lui. Mais je savais où il voulait aller. Il veut toujours y aller et a fait le travail pour être reconnu comme il l’est aujourd’hui. Ça fait plaisir parce que je lui ai toujours dit : « Écoutes, si tu veux être un basketteur normal, faire du basket loisir, il n’y a pas de problème avec moi. Je ne t’en voudrai pas ». Un jour, il m’a dit : « Papa je veux être basketteur professionnel ». Je travaille dur avec lui. On va continuer à le faire. Pour l’instant, on a les résultats que l’on voulait. Je pense qu’il a beaucoup de bagages avec lui. Maintenant, c’est à lui de tout prouver, de travailler encore plus à Strasbourg. A partir d’un moment, je ne serai plus derrière lui. Il sera livré à lui-même, comme il l’a été au pole espoir. J’ai entièrement confiance au staff de Strasbourg. J’espère que tout va bien se passer.