Zack Wright, Brandon Davies, Jordan Aboudou (trio qui l’accompagne sur la photo principale de l’article), mais aussi Timothé Luwawu-Cabarrot, Isaïa Cordinier, DJ Cooper, Dru Joyce, William Howard, Frédéric Bourdillon, Chris Evans, Ali Traoré, Lahaou Konaté et bien d’autres… Toutes ces personnalités du basket français ont déjà fait appel à ses talents et compétences pour se faire coiffer. Nous avons voulu en savoir plus sur la personne qui se cache derrière le pseudo de « Mr. Limou » ainsi que son univers, la profession de barbier, sa relation avec la balle orange, etc. Entretien !
Pour commencer, peux-tu te présenter ?
Mr. Limou : Je m’appelle Kévin Limouzi, d’où le nom du shop Limou. Mon salon se situe à Juan-les-Pins, une ville voisine d’Antibes. A la base, je ne suivais pas trop le basket. Les basketteurs des Sharks ont commencé à venir se faire coiffer et ce sont eux qui m’ont mis dedans avec le temps.
Depuis quand exerces-tu cette activité ? Depuis quand ton salon existe ?
Mr. Limou : Ça fait désormais dix ans que je suis entré à l’école de coiffure. Au début, j’étais en apprentissage dans un salon de coiffure classique situé dans une galerie marchande. L’expérience était complètement différente. Il n’y avait pas beaucoup de coupes hommes à faire. Je n’aimais pas ce que je faisais mais j’étais obligé vu que je passais des diplômes. En octobre, je vais fêter les cinq ans d’ouverture de mon salon.
Quelles sont les principales différences entre un barber shop et un salon de coiffure classique ?
Mr. Limou : Pour moi, il y a tout qui est différent. Je dis toujours qu’être barbier, ce n’est pas le même métier. C’est avant tout l’ambiance qui est différente. Dans un barber shop, la clientèle est à 95% masculine donc on a des sujets de conversations de gars. Après, il y a aussi la déco qui entre en ligne de compte.
Comment devient-on barbier ? Y a t-il une formation à suivre au préalable ?
Mr. Limou : Pour devenir barbier, il existe des formations mais tu n’es pas obligé de les suivre. Tu peux être autodidacte et c’est ce que 80% des gens font en France. Les barbiers diplômés, dont je fais partie, on représente à peu près 20%. En fait, il s’agit d’un diplôme de coiffure et il faut cinq années pour l’obtenir. Pour pouvoir ouvrir un salon, tu es obligé d’avoir le diplôme en ta possession. Ceux qui ne l’ont pas obtenu et qui possèdent un salon louent le diplôme à quelqu’un.
Selon toi, quelles sont les qualités requises pour être un bon barbier ?
Mr. Limou : Avant tout, je pense qu’il faut être passionné, aimer son métier. Ensuite, je dirai minutieux, patient. Tout ça vient avec la passion. Être créatif est également important, avoir de l’inspiration. Être curieux, se renseigner un peu partout sur ce qui se fait.
Travailles-tu seul ou as-tu constitué une équipe pour t’accompagner au quotidien ?
Mr. Limou : J’ai été seul pendant quatre ans avant de prendre quelqu’un pour travailler avec moi depuis l’an dernier.
« Je crois qu’ils n’aimaient pas tous la façon dont je coiffais au début. »
Ton salon est réputé pour accueillir régulièrement des basketteurs professionnels. Comment as-tu réussi à les attirer puis à les fidéliser ? Le bouche à oreille est-il le meilleur moyen de communication pour se faire connaître dans ce secteur d’activité ?
Mr. Limou : Un très bon ami à moi connaissait un basketteur d’Antibes. Il me l’a présenté et de fil en aiguille j’ai fini par le coiffer. Et ça, c’était avant que je possède mon salon. Il revenait souvent mais les autres basketteurs ne sont pas tous venus tout de suite, parce que je crois qu’ils n’aimaient pas tous la façon dont je coiffais au début. Puis, une fois que j’ai ouvert le salon, ils ont un peu tous commencé à venir. Ils ont aimé l’ambiance, le décor, et ça s’est fait comme ça.
Concernant les basketteurs de Monaco, c’est moi qui les ai démarché en leur envoyant des messages à chacun, en leur disant que j’étais barber et localisé pas loin de chez eux. Ils ont regardé mes coupes, le délire, et ont apprécié. Il y en a eu un, puis deux, puis trois… Après, il faut savoir que Monaco est quand même plus loin que Antibes donc ils ne viennent pas tous. Par année, j’en avais que quelques uns.
Le bouche à oreille et les réseaux sociaux sont à égalité les deux meilleures façons de se faire connaitre. Les réseaux sociaux, c’est devenu notre vitrine, une carte de visite que l’on a tout le temps sur soi. Tout le monde a un smartphone. Il n’y a plus besoin de faire de flyers.
As-tu pu nouer des liens privilégiés avec tes clients basketteurs les plus fidèles ?
Mr. Limou : Tu tisses des liens avec certains et c’est sympa parce que ce sont de bons gars. Certains deviennent vraiment des amis. D’autres viennent juste pour se faire couper. Il y a de tous les caractères. Tu t’aperçois que ce sont des clients normaux : il y en a que tu aimes bien, d’autres que tu n’aimes pas, d’autres que tu apprécies moyennement. Quand ça se passe bien, parfois ils t’invitent aux matchs. Ça a souvent été le cas que j’assiste à leurs rencontres. Avant, c’était Antibes. Les derniers temps, avant le covid, c’était plus Monaco. C’est à chaque fois un plaisir, tu es toujours bien reçu.
En dehors de l’univers du basket, d’autres sportifs pro et célébrités viennent-ils se faire une coupe rafraîchissante chez toi ? Si oui, as-tu quelques noms et anecdotes à nous livrer ?
Mr. Limou : Oui, concernant d’autres sportifs, il y a des footballeurs de l’OGC Nice. Sinon, il y a des gars de télé-réalité qui viennent. Par rapport à l’anecdote, j’ai une idole de jeunesse qui est le footballeur Djibril Cissé. Je l’ai toujours kiffé. Je ne trouvais pas le moyen de le rencontrer et je l’ai coiffé juste avant le confinement. C’était même mon dernier client avant que l’on soit tous confinés. Le rencontrer, c’était vraiment « mon objectif de vie » (sourires). Il y en a, leur idole, c’est Jordan, des superstars. Et mon idole à moi, c’était Djibril Cissé. D’ailleurs, le nom de mon salon, « MR. Limou », est un rapprochement à sa marque de vêtements « Monsieur lenoir ». Je m’en suis fortement inspiré.
D’une manière plus générale, quelle est ton type de clientèle ?
Mr. Limou : J’ai de tout, mais quand même plus de jeunes entre 15 et 30-35 ans de moyenne d’âge. Bien sûr, il n’y a pas que des stars, au contraire ! Je traite les stars comme je traite mes clients au quotidien, parce que chaque tête est différente.
Qu’est-ce qui différencie ton barber shop de la concurrence ?
Mr. Limou : « Monsieur Limou », ce n’est plus seulement un barber shop. C’est devenu un concept store. En fait, quand tu entres dans le salon, on a la partie barber shop à proprement dit. Et puis ensuite, au rez-de-chaussée, on a fait un magasin de sapes. C’est surtout axé sur les éditions limitées de baskets et de vêtements convoités.
Par rapport à la question, si on sépare la partie barber shop du reste, la convivialité et la qualité des services sont nos points forts. On prend notre temps et on essaye de donner le meilleur de nous-mêmes afin de réaliser le meilleur travail possible.
« La plupart des demandes venant de Isaïa Cordinier sont insolites ».
Es-tu généralement force de proposition aux clients ou viennent-ils déjà avec une commande bien précise ? Dans le premier cas, d’où tires-tu ton inspiration ?
Mr. Limou : Ça varie à chaque client. Parfois, tu as des mecs qui veulent absolument une coupe en particulier. Nous, on est là pour les conseiller, leur dire si ça peut bien leur aller ou pas en fonction de leur forme de visage, etc. D’autres clients nous disent : « écoute, fais ce que tu veux ». A ce moment là, nous, c’est là que l’on kiffe, où on s’amuse le plus. On va faire un truc stylé qui va bien avec leur tête. Des inspirations, on en a tous je pense. C’est surtout sur les réseaux sociaux et principalement Instagram que l’on voit tout ce qui se fait. Cela nous dicte la mode et on s’en inspire pas mal.
As-tu déjà eu des demandes insolites de clients souhaitant une coupe complètement inédite ou bien un design qui sort de l’ordinaire ?
Mr. Limou : En général, les gens n’osent pas trop. Mais quand tu tombes sur des gars qui osent, les demandes sont mêmes farfelues je dirai. Si je peux citer un nom, qui est un nom du basket français, je te dirai Isaïa Cordinier. C’est un très bon ami à moi et avec lui, ce n’est jamais la même chose. La plupart des demandes venant de lui sont insolites. On s’amuse bien.
Culturellement, les premiers barber shop ont ouvert aux États-Unis et il en existe presque à chaque coin de rue dans les villes là-bas. Ambitionnes-tu d’ouvrir un salon un jour dans ce pays ?
Mr. Limou : Il faut savoir que l’on associe beaucoup les barbers avec les States, mais les vrais barbiers ne viennent pas de là-bas. Les barbiers, les rasoirs, les coupes-choux, les barbes, c’est vraiment traditionnel et très français, très italien, très européen à la base. Les États-Unis ont relancé le truc depuis dix ans. Quand j’ai commencé, mon rêve et but dans la vie était d’ouvrir un salon un New York. Manhattan, c’était mon rêve quand j’étais gamin et encore au moment où j’ai commencé la coiffure. Finalement, désormais, ce n’est plus mon objectif principal. Je me dit que c’est comme si américain venait ouvrir une boulangerie en France. Je ne vois pas pourquoi on irait chez lui sachant que la spécialité, c’est nous qui l’avons inventé.
Informations pratiques
Retrouvez le salon de MR. Limou au 76 ter chemin de la Colle à Juan-les-Pins (06160)
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h non-stop.
Prise de rendez-vous au 04.83.28.35.73