Favoris des bookmakers malgré une cascade impressionnante de forfaits (James Harden, Anthony Davis, Damian Lillard, Kyle Lowry, De’Aaron Fox, Andre Drummond, Kevin Love, Eric Gordon, Bradley Beal, Tobias Harris, Kyle Kuzma pour ne citer qu’eux) qui se sont enchaînés jour après jour, les basketteurs américains qui vont représenter les Etats-Unis à la prochaine coupe du Monde (qui aura lieu du 31 août au 15 septembre 2019) pourraient bien ne pas décrocher la médaille d’or lors de cette édition 2019. Ce qui serait une première pour les USA dans une compétition internationale depuis plus de 10 ans…
Rappelez-vous, en 2006, les stars américaines de la NBA ont été terrassées en demi-finale du championnat du Monde (appellation de la compétition à l’époque) par la sélection nationale grecque. Cela avait créé un nouveau séisme dans l’univers du basket international, deux ans après l’élimination de Team USA aux Jeux Olympiques au même stade du tournoi, mais cette fois-ci par l’Argentine. Pourtant, en 2004 comme en 2006, la sélection américaine comptait dans ses rangs une pléiade de superstars. LeBron James, Carmelo Anthony mais aussi Dwayne Wade étaient présents, même si ceux-ci étaient encore très jeunes.
Après une prise de conscience indéniable du niveau international et sûrement une piqure sévère subie au niveau de l’égo des joueurs, la fédération américaine a réussi à remobiliser ses troupes et convoquer ses meilleurs éléments. Ceci était indispensable afin de bâtir une véritable machine de guerre au cours de la dernière décennie. Si de rares nations telles que l’Espagne (en finale des JO 2008 et 2012) et la Lituanie (en match de poule aux JO 2012) ont réussi à accrocher les USA sur une poignée de matchs, l’armada de All-Star NBA s’est toujours finalement imposée.
Cependant, après ce long règne mondial retrouvé et une dernière intersaison folle dans le championnat nord-américain qui dirige la crème de la crème du basket sur Terre, la suprématie de l’équipe nationale des Etats-Unis semble à nouveau en grand danger. Toutes les grandes superstars américaines de la NBA ont décidé de passer leur tour pour la campagne internationale 2019. Les principaux talents préférent se préserver pour la saison à venir avec leur franchise. Ainsi qu’éventuellement participer aux Jeux Olympiques de 2020, qui auront lieu à Tokyo… Vainqueurs des JO 2016 à Rio, les USA sont déjà qualifiés pour cette compétition.
Un effectif très jeune et inexpérimenté
Les Américains vont donc se présenter en Chine avec une sélection très jeune (26 ans de moyenne d’âge) et globalement très inexpérimentée au niveau du basket FIBA (dont les règles de jeu sont différentes de celles du basket NBA). Parmi l’effectif de douze joueurs, seuls Harrison Barnes (JO 2016) et Mason Plumlee (coupe du Monde 2014) ont déjà participé à une campagne internationale chez les A avec Team USA, mais chacun avec un rôle mineur. En quête de gloire avec leur pays natal, les Kemba Walker, Donovan Mitchell, Jayson Tatum and co s’apprêtent à porter pour la première fois de leur carrière la tunique de Team USA dans le monde des grands (certains d’entre eux ont effectivement eu des expériences internationales en équipe de jeunes).
Des pointures au coaching
Malgré la présence au coaching de grands noms avec notamment Gregg Popovich et Steve Kerr aux commandes, le talent individuel de leurs joueurs pourrait ne pas suffire pour remporter la compétition au terme de trois matchs couperets (à élimination directe), surtout dans le contexte FIBA et international où la cohésion et le jeu collectif des équipes font leur force. Pour construire une cohésion d’équipe entre les joueurs, le légendaire coach des San Antonio Spurs et celui des Golden State Warriors ont pu s’appuyer sur une base de trois joueurs des Boston Celtics (Jaylen Brown, Marcus Smart et Jayson Tatum) qui ont évolué ensemble toute l’année.
Des concurrents bien armés
Au niveau individuel, le meneur de jeu Kemba Walker est le seul élément qui a été dans une « All NBA Team » au terme de l’exercice 2018/2019. Il a plus précisément été sélectionné dans la Third Team (troisième équipe) qui plus est. Ce qui correspond à la même distinction qu’a récolté le pivot Rudy Gobert, qui va de son côté représenter l’équipe de France et qui a été élu en prime meilleur défenseur de la NBA pour la deuxième année consécutive. Giánnis Antetokoúnmpo (sacré MVP de la saison régulière NBA) et Nikola Jokić, respectivement représentant de la Grèce et de la Serbie, ont quant à eux été nommés dans la All NBA First Team…
Il y a donc clients pour contrer les Etats-Unis dans leur quête du graal, sachant que ces deux superstars seront bien entourées dans leur équipe, la plupart de leurs coéquipiers évoluant en NBA ou en Euroleague et étant accoutumés aux particularités du basket FIBA.
Au niveau mondial, la Serbie, la France, l’Espagne, la Grèce ou encore l’Australie semblent clairement capables de faire tomber les Etats-Unis. Les Boomers en ont d’ailleurs fait la démonstration la semaine dernière en s’imposant 98 à 94 face à Team USA en match amical de préparation à la coupe du Monde. Il s’agissait de la première défaite de l’équipe nationale américaine lorsqu’elle est représentée par des joueurs estampillés NBA depuis 79 matchs. En attendant une ou plusieurs autres désillusions au cours des deux prochaines semaines à venir ? Après un premier tour largement à leur portée durant lequel ils affronteront successivement la République Tchèque, la Turquie et le Japon, ce qui leur permettra de prendre confiance et de monter en régime petit à petit (ou bien à l’inverse, de baisser la garde pour les rencontres suivantes selon leur état d’esprit), ils croiseront ensuite avec les deux meilleures équipes du groupe F (composée de la Grèce, de la Nouvelle-Zélande, du Brésil et du Monténégro) avant d’entamer la phase finale (quarts de finale, demi-finale et finale) où tout pourra se passer sur un match sec…
En conclusion, même si l’équipe américaine parvient avec son équipe F à monter tout en haut du podium pour la troisième fois consécutive à la coupe du Monde, il ne serait pas étonnant qu’ils s’inclinent au moins lors d’un match durant la compétition. Le suspense est à son comble, pour le plus grand bonheur des fans.