Terry Smith - interview
© Alan Le Bolloch / bolloch.com

ITW Terry Smith : « J’ai presque joué partout en Europe »

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Le combo guard américain du HTV, Terry Smith (31 ans), parle notamment de son parcours, de sa relation avec l’équipe nationale d’Arménie, et de la vie difficile dans les pays de l’Europe de l’Est.

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Terry Smith. Je viens de Syracuse, dans l’Etat de New York. J’ai 31 ans et suis un arrière/meneur de jeu. J’ai déjà joué en France il y a deux ans, à l’Asvel.

Comment es-tu venu au basket-ball ?
Je viens de New York, donc tout le monde joue au basket-ball. Tous les enfants autour des quartiers y jouent. J’étais très mauvais parce que je n’avais personne dans ma famille qui jouait au basket. J’ai commencé avec les autres enfants, ils étaient nettement meilleurs que moi. Je voulais être bon pour jouer avec mes amis et les autres gens du quartier.

A l’époque, as-tu affronté d’autres basketteurs professionnels actuels sur les playgrounds de New York ?
Des basketteurs provenant de New York, pas beaucoup. Pas beaucoup de gars viennent de New York, mais j’ai joué contre beaucoup de gars qui ont joué en NBA. J’ai débuté sur le Dickman, il s’agit d’un tournoi qui se déroule durant l’été. Kevin Durant, Michael Beasley et beaucoup de gars de la NBA y ont joué. J’ai joué là-bas quand j’étais plus jeune.

Quel a été ton parcours dans le basket depuis que tu es enfant ?
Je devais prendre le bus 1 heure chaque jour de mon quartier pour aller à mon lycée. Ensuite, j’ai été à l’université de Pennsylvanie. J’ai joué quatre ans là-bas. Après ça, j’ai été en Allemagne, République Tchèque, Suisse, Bulgarie, Ukraine, Croatie, Turquie, France, Russie et Espagne. J’ai presque joué partout en Europe.

Au début de ta carrière professionnelle, quel genre d’opportunités as-tu reçu après tes quatre années à l’Université ?
Je n’avais aucune opportunité. J’ai eu une offre de contrat en Allemagne, dans la quatrième division. Je ne comprenais pas comment cela fonctionnait en Europe, je ne connaissais pas l’Euroleague et l’Eurocup, la Pro A française, etc. Je ne savais pas qu’il y avait différents niveaux. Donc, quand j’ai eu le contrat, je l’ai pris. J’ai été en Allemagne, la situation n’était pas géniale. Je suis parti en décembre. Je n’avais plus de travail après ça. Donc je suis retourné à la maison pour être professeur remplaçant dans une école car je n’avais pas d’argent, rien du tout. Ca a duré cinq mois. Ensuite, j’ai cherché un travail avec mon diplôme de l’université. J’ai donc effectué un stage au Pentagone à Washington DC. Après environ deux ou trois semaines, un ami à moi m’a appelé. Il m’a dit : « hey, as-tu un travail ? ». J’ai répondu que j’étais en train de travailler au Pentagone mais que je n’avais rien dans le basket. « Envoi moi ta vidéo », m’a t’il répondu. Donc je lui ai donné mes highlights et peut être deux ou trois jours après, j’ai eu un contrat pour allé en République Tchèque pendant deux ans. Son oncle était le coach, il a aimé ma vidéo et m’a signé. J’ai bien joué et c’est à partir de là que plus d’opportunités sont venues. J’étais en mesure de construire mon CV en Europe. Mais si je n’avais jamais eu cet ami pour appeler son oncle pour moi, j’aurai probablement été fini avec le basket. C’était en 2009.

Les endroits sont-ils différents les uns les autres ?
Absolument. Chaque pays a son propre style, son propre type de gens. Et le basket est aussi différent.

Quel est ton pays favori ?
Je dois être honnête. Pour moi, c’est l’Espagne. J’ai adoré. De plus, j’étais béni de jouer à Badalone qui est situé juste à côté de Barcelone. Donc j’étais à Barcelone tout les jours. La météo et le basket étaient géniaux. La ligue est très professionnelle. Ils disent que c’est le meilleur championnat en Europe. Je suis d’accord avec ça. Mais la ligue française est très athlétique et très bonne aussi. Je n’enlève en rien quelque chose de la Pro A. C’est simplement que le championnat espagnol est différent concernant le style.

Et quels sont les pires endroits pour jouer ?
Pour moi, quand j’ai joué dans l’Est de l’Europe, c’était difficile. C’est différent parce que tu n’es pas autant protégé là-bas. Tu y vas, tu signes un contrat, mais tu ne sais pas quand tu vas recevoir ton argent. Peut-être que tu vas perdre un match et ils vont prendre une partie de ton salaire. Ils peuvent aussi enlever les lumières dans ta maison parce que tu as eu un mauvais match. Ce sont des choses comme ça. Tu as personne à appeler pour te protéger. Ce n’est pas très correct. Mais ça dépend des équipes. Je ne suis pas en train de dire que toutes les équipes sont comme ça. Il s’agit de seulement quelques équipes.

Comment as-tu géré ces difficultés ?
Pour commencer, j’ai eu un choc au niveau de la culture. J’étais en train de dire « qu’est-ce que cela ? ». Je ne pouvais aussi pas comprendre les lettres parce qu’elles sont différentes. Ici, en France, les lettres sont les mêmes : S, E, N, A, T. Quand tu vas en Bulgarie ou en Ukraine, ce n’est pas le cas. Les écritures n’ont rien à voir, c’est quelque chose d’autre. Tu ne peux rien lire. Mais finalement, tu t’y habitues, tu peux t’adapter comme pour tout. Vous vous accommodez à la situation. Je suis ici, je ne veux pas me plaindre tout les jours, donc j’accepte.

Ukraine est réputé en Europe pour rémunérer très bien ses athlètes. As-tu apprécié l’expérience ?
Concernant l’argent, c’est vrai. J’ai été payé en Ukraine mais il y avait une guerre cette année-là, entre l’Ukraine et la Russie. Donc tout le monde devait évacuer. Je devais partir en février. Le président du club est venu et nous a dit qu’il ne peut pas garantir notre sécurité. Il nous a donné notre argent qu’il nous devait, et nous avons pris l’avion pour partir. Immédiatement, après cette réunion au bureau, j’ai pris un vol pour Dubaï. Ce n’était pas loin, il y avait un vol direct de Kiev à Dubaï. Je m’y suis reposé pendant 4 ou 5 jours, en attendant un coup de fil de mon agent pour obtenir un nouveau contrat en Croatie. Je suis allé là-bas. C’était plutôt sympa. Il y avait la plage, une bonne météo, et le basket était plutôt bon aussi.

Quand tu étais enfant, imaginais-tu vivre des choses comme ça ?
Si tu m’avais demandé où est la Croatie quand j’étais au lycée, j’aurai dit « est-ce de la nourriture ? ». A cette époque, je ne connaissais vraiment pas beaucoup de choses de l’Europe, et plus particulièrement de pays comme ceux-là. Tout le monde connait des pays comme l’Espagne ou l’Allemagne. Je n’avais aucune idée à propos des quelques autres endroits. Mais maintenant, si tu me demandes, je connais chaque pays, ville et le drapeau. J’ai été béni d’être en mesure de voyager grâce au basket.

Des pays comme la France et l’Espagne sont ressemblent aussi plus aux Etats-Unis. Es-tu d’accord ?
A propos de la culture et de la vie, absolument. Je me sens bien ici, en France. Pour moi, c’est simplement normal. Je ne vais pas dehors et ressens que la population n’a jamais vu quelqu’un comme moi avant. Les bâtiments sont normaux également.

De plus en plus de joueurs américains obtiennent des passeports européens. Tu en as un avec l’Arménie. Comment l’as-tu eu ? Comment est l’expérience jusqu’à présent ?
Ils étaient simplement à la recherche d’un combo guard. Mon agent leur a envoyé mon CV et ils ont aimé. Ce pays est localisé près de l’Asie, au Moyen-Orient. Ce n’est pas vraiment l’Europe. Ce n’était pas mauvais, j’étais à Erevan qui est la capitale. J’étais là-bas pendant quatre mois, avant que j’aille en Espagne l’année dernière. J’ai récemment eu un appel afin de jouer pour eux, mais je ne sais pas encore si je suis en mesure d’y aller. Le premier match est programmé le 23 novembre. Ca serait un grand honneur de jouer pour l’Arménie.

Les avis sur ces passeports sont mitigés en Europe. Quel est ton avis personnel ?
C’est ok. Je veux dire, plusieurs pays n’aiment pas prendre des américains comme la Serbie ou la Croatie. Mais si elles le font, cela rendra la compétition plus compétitive.

Au fil des années, as-tu ressenti une évolution constante dans ta carrière ?
Absolument. J’ai appris de tellement de gens différents, de coachs, de bons coéquipiers. Ils m’ont aidé. Evidemment, à propos des ligues, j’ai grandi chaque année. J’ai atteint un plus haut niveau chaque année. J’ai débuté tellement bas que je devais élever mon chemin chaque année. Chaque année, j’ai grandi quelque part et me suis prouvé que je peux jouer à ce niveau.

Durant ta carrière, as-tu déjà eu des opportunités en rapport avec la NBA?
En 2013, je me suis entraîné avec beaucoup de préparateurs physiques NBA. J’ai senti que j’aurai une chance de jouer en summer league NBA mais ça n’a pas fonctionné. C’était ma seule chance qui est réellement arrivée avec la NBA.

Pour conclure, quelles sont tes attentes pour le futur ?
Je prie simplement pour que je puisse rester en bonne santé. Si je reste en bonne santé, je vais jouer aussi longtemps que mon corps me laisse jouer.

Retrouvez l’interview en version originale sur 3ptshot.com

A propos de l'auteur de cet article
Alan Le Bolloch

Alan Le Bolloch

Alan est le fondateur et photographe de Basket-BallWorld ! Depuis plus de 10 ans, il partage sur ce blog sa passion pour la balle orange. Il voyage régulièrement aux États-Unis pour couvrir de nombreux matchs NBA. Alan est aussi l'auteur de l'ouvrage "Créer un site internet à succès : vivre de sa passion et réaliser ses rêves".

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