Sacré vice-champion d’Europe des moins de 16 ans avec les Bleuets en 2012 puis responsabilisé en Pro B à seulement 17 ans, l’arrière longiligne Salem Mana (1m96, 20 ans) était alors un potentiel très intriguant du basket français. A cette époque, on pouvait penser que ce n’était que le début d’une longue carrière professionnelle qui l’attendait dans le milieu de la balle orange.
Mais l’ascension du prodige normand, qui a effectué l’intégralité de son cursus sportif au SPO Rouen, s’est stoppée brutalement quelques mois plus tard… Invité en Pro A à travers une wildcard distribuée par la LNB, le club rouennais procéda à des changements dans son coaching-staff. Christophe Denis, aujourd’hui sans club et consultant pour Canal+, pris la place de Laurent Sciarra à la tête de l’équipe professionnelle. Denis Mettay fût quant à lui nommé assistant-coach ainsi qu’entraîneur principal de l’équipe Espoirs. Le début de la fin pour le jeune Salem, incompris par les deux techniciens. Souhaitant poursuivre ses études parallèlement au basket après l’obtention de son Baccalauréat Scientifique avec mention, le principal intéressé devait initialement bénéficier d’un emploi du temps aménagé avec une séance d’entraînement quotidienne en accord avec le SPO. Mais suite à leur prise de fonction durant l’été, Messieurs Denis et Mettay s’y sont opposés et un ultimatum lui a été posé.
« En août, le coach m’a dit que ce n’était pas la peine de venir si je ne m’entraînais pas deux fois par jour. Il ne m’a pas laissé d’autres solutions. Soit j’étais là tout le temps, soit jamais. Et puisque je ne « voulais pas m’entraîner » avec les pros, le coach des espoirs ne voulait pas de moi non plus car il prétendait ne s’occuper que de ceux qui voulaient faire carrière. Il avait décidé lui aussi de me laisser de côté. », a récemment expliqué Mana au quotidien Paris-Normandie.
En résumé, ce jeune talent a clairement été victime d’une attitude peu déontologique quant on sait que la majorité des joueurs d’un centre de formation ne vivront pas de leur pratique du basket. Face à cette injustice et encouragé par sa famille, Salem Mana a tout simplement décidé d’arrêter le basket pour se concentrer totalement à ses études de médecine. Et ce, malgré plusieurs propositions d’autres clubs pros qui se sont positionnés pour le récupérer…
Deux ans plus tard, sa première année d’étude supérieure a été brillamment validée et sa passion pour la balle orange a fini par le rattraper. Toujours en âge d’évoluer dans le championnat Espoirs Pro A, celui qui a planté jusqu’à 46 points en cadets France, 36 points en Nationale 3 ou encore 10 points en Pro B est de retour dans son club de toujours, qui a entre temps changé de nom et est devenu le Rouen Métropole Basket. Ayant d’abord retrouvé pour le fun l’effectif du centre de formation qui évolue au cinquième échelon national (actuellement 10ème de la poule F de NM3), Salem a depuis peu également été convié aux entraînements du groupe pro, désormais dirigé par Rémy Valin. L’occasion peut-être pour le basket français de relancer au très haut niveau l’une de ses anciennes pépites.