Basketteur le plus expérimenté de tous les français actuellement en NBA, Nicolas Batum fait figure de vétéran dans l’effectif des Los Angeles Clippers. Nous avons eu l’opportunité de le rencontrer le 8 novembre, avant une victoire renversante face aux Cleveland Cavaliers (119-117). Retrouvez ci-dessous notre interview.
Tu entames ta troisième saison à Los Angeles. Comment se passe la vie californienne ?
Bien ! On s’y fait très vite à la vie ici. Il y a pire. Avec ma famille, on s’y est très bien adaptée. Mis à part quelques jours, la météo est plutôt clémente avec nous. Ma femme s’y plait beaucoup. Nos enfants sont dans un bon cadre, à l’école française. Ils peuvent vraiment bosser le français et l’anglais, donc c’est génial.
Sportivement, les Clippers présentent un effectif susceptible de remporter le titre de champion NBA cette saison. En tant que joueur de cette équipe, peux-tu nous en dire plus sur les ambitions de ce groupe ?
Déjà, avant de penser à autre chose, c’est d’avoir tout le monde en bonne santé. Du temps est pris avec Kawhi pour qu’il soit vraiment à 100%. Sur le long terme, c’est ça le plus important. On a eu pas mal de bricoles pour commencer. John Wall a encore un temps de jeu limité et ne peut pas jouer les back-to-back. Robert Covington a eu le covid. Luke Kennard vient de manquer un match. La NBA est un peu bizarre en ce début de saison. Je pensais qu’on était la seule équipe, mais nous sommes plusieurs à galérer un peu. On est en mise en place. Il y a pas mal de nouveaux joueurs, de nouveaux systèmes pour beaucoup de personnes. Mais ça va aller, je ne me fais pas de soucis.
« Tout ce que je veux maintenant, c’est de faire ce que j’ai à faire sur le temps de jeu qu’on me donne. » Nicolas Batum
N’est-ce pas un peu frustrant de ne pas pouvoir compter sur Kawhi Leonard et de débuter la saison poussivement ?
Frustrant, non. Mais c’est clair que tu as envie d’être prêt dès le premier match de la saison. On savait que ça n’allait pas forcément être le cas. Comme je l’ai dit précédemment, il y a pleins de nouveaux rôles. Tout est un peu chamboulé par rapport à la saison dernière. John (Wall) n’a jamais commencé les matchs sur le banc. Norman (Powell) non plus. De mon côté, j’ai été titulaire pendant deux ans et ai désormais un nouveau rôle car tout le monde revient. C’est juste une mise en place, ce n’est pas inquiétant. Une saison NBA est tellement longue. Tout ce qu’il faut faire, c’est de créer les bonnes habitudes, travailler, corriger, faire des bons matchs, apprendre et surtout rester ensemble.
A titre individuel, tu t’es infligé un programme intensif de préparation l’été dernier. Comment te sens-tu sur ce début de saison ?
Bien ! Je savais très bien que mon rôle allait changer. On a tellement de joueurs dans cette équipe que le temps de jeu est réparti différemment. Je vais moins jouer qu’avant, je le savais, mais je ne me prends pas la tête. Tout ce que je veux maintenant, c’est de faire ce que j’ai à faire sur le temps de jeu qu’on me donne. Je m’entends très bien avec Ty Lue et les gars. Je suis là pour faire la meilleure saison possible. Surtout collectivement. Je me concentre ce que je peux apporter à l’équipe, avec tout le talent que j’ai autour de moi. Ça ne sert à rien à ce que je me prenne la tête à forcer quoi que ce soit. Je veux juste être moi, kiffer, profiter et gagner le plus de matchs possible.
Parlons du basketteur français qui fait le plus l’actualité en ce moment : Victor Wembanyama. Aux États-Unis et dans le Monde, les consciences autour de son talent ont pris une toute autre dimension depuis son séjour à Las Vegas. Comment expliquer ce déclic soudain, alors qu’il ne s’est pas métamorphosé du jour au lendemain ?
Avant ses performances à Las Vegas, lorsque je parlais un peu de Victor avec d’autres personnes, on disait que ce gamin allait arriver en NBA. Mais les gens ont du mal à croire quand on leur décrit un homme comme ça sur un papier. Depuis qu’il y a eu les matchs à Vegas, ça a ouvert les yeux au Monde entier. Victor, il est à part. 2m25 avec le talent qu’il a, c’est quasiment unique. Vincent (Collet) le prépare à fond pour ce qui l’attend la saison prochaine. C’est sûr qu’il est très attendu ici. Ça va être un gros challenge pour lui. Mais je sais qu’il se prépare un maximum.
« Un retour en France ? On verra plus tard où j’en serai, au terme de mes deux années de contrat aux Clippers. »
Un constat : il n’y a jamais eu aussi peu de basketteurs français en NBA cette saison que lors des précédentes années… Que cela t’inspire ?
Il y a une chose que l’on m’a appris très vite : être drafté c’est simple, jouer c’est dur et rester c’est très dur. Quand tu es drafté, tu as fait le plus simple. Le plus dur commence justement. Ce n’est pas parce que tu es drafté que tu vas faire tes 10-15 ans en NBA. Il faut rester humble. Il y a une draft tous les ans. Soixante mecs sont susceptibles d’arriver et donc autant qui partent. Il faut garder sa place et ce n’est pas évident.
Pour expliquer ce phénomène, la NBA n’est-elle pas une ligue de stars qui héritent de la plupart des ballons avec, à leurs côtes, beaucoup de joueurs de rôle interchangeables ?
C’est une ligue avec beaucoup de hiérarchie. Il faut connaître son rôle et gagner sa place. C’est ça le plus important. Dans les grosses équipes qui cartonnent, chacun connait son rôle. Chacun sait qui est le ou les deux/trois boss. Et chacun sait ce que l’on attend de lui. Parfois, tu ne vas pas jouer quatre matchs et on va t’appeler pour que tu sois prêt.
Il y a plusieurs années, tu avais déclaré que tu finirais ta carrière en France. Des rumeurs récentes indiquaient que tu pourrais jouer à l’Asvel la saison prochaine. Qu’en est-il à ce jour ?
J’ai découvert ça quand on m’a envoyé la vidéo. TP (ndlr : Tony Parker) a dit ça sur la rigolade. Tout le monde a pris ça au premier degré. J’essaie de faire au maximum ce que j’ai à faire ici en NBA. On verra plus tard où j’en serai, au terme de mes deux années de contrat aux Clippers.