Bruno Suares - Tony Parker
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Bruno Suares : « Tony Parker jouait de la même façon en minimes »

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Bruno Suares est l’entraîneur de Gravenchon depuis 12 ans. Il est aussi un excellent formateur qui a vu passer bon nombre de basketteurs professionnels.

Vous avez terminé à la 2ème place de votre poule la saison dernière et avez donc failli décrocher l’ascension en N2. En fais-tu un objectif ?

Bruno Suares : On n’a pas forcément les moyens financiers de le faire quand on voit les budgets de N2, avec des équipes qui sont presque professionnelles. Nous, on est loin de cela, tous nos joueurs travaillent avec de vrais boulots à côté. On ne s’entraine que deux fois par semaine. On ne peut donc pas dire que l’on joue la montée mais on essaie de compenser le manque d’entrainement par notre qualité de jeu et notre état d’esprit qui font que tous les ans, on est en haut de tableau.

Tu as rencontré Tony Parker à l’âge de 13 ans. Quel genre de joueur était-il ?

Bruno Suares : Un peu celui que l’on connait maintenant. Franchement, il a peu changé, que cela soit dans sa mentalité, sa personnalité, sa qualité de jeu. Ce qui me surprend le plus, c’est qu’il jouait de la même façon en minimes que là. Il avait cette capacité à se faufiler entre les joueurs et scorer près du panier. Sur des entrainements où on travaillait la défense et l’objectif était de fermer la raquette, il prenait la balle et allait marquer deux points. Et lorsqu’on mettait tout le monde dans la raquette, il arrivait encore à scorer. Ce n’était pas un problème pour lui de mettre trente points en match tout en faisant jouer les autres.

 

« Tony Parker est un gagneur comme on n’en a jamais vu. » Bruno Suares

 

Quel était son gros plus par rapport aux autres joueurs que tu as pu entrainer ?

Bruno Suares : C’est un gagneur comme on n’en a jamais vu. Les photos de la fin du match face à l’Espagne sont impressionnantes. Pour avoir passé 20 ans au pôle de Haute-Normandie, je n’ai jamais revu un joueur comme ça avec cette hargne de vaincre. Son autre gros plus, c’était la maturité. Son papa jouait à un bon niveau et il allait le voir jouer. Régulièrement, il demandait aux joueurs de l’équipe de faire des 1 vs 1 contre eux. Très tôt, il a développé une maturité en faisant des matchs face à des bons joueurs plus âgés.

Tu es directeur technique de son camp de basket à Fécamp depuis sa création. Tony n’oublie pas ses racines mais aussi notamment les personnes qui l’ont formé…

Bruno Suares : Dès que Tony, Alexis Rambur et Gaëtan Muller ont mis les camps en place, le premier qu’ils ont contacté, c’est moi. Ils m’ont dit « tu nous as entrainé au pôle, on aimerait vraiment que ça soit toi le directeur ». J’avais trouvé la démarche sympa mais pas surprenante quand on connait le personnage. Avant de me contacter pour les camps, il m’avait déjà invité. J’avais déjà été plusieurs fois chez lui voir des finales NBA et tout ça. C’est en effet une de ses qualités. Il a les pieds sur Terre et puis il n’oublie pas d’où il vient. Et ce, depuis très tôt. Quand il commençait à jouer en pro, les gens sur Rouen étaient surpris. Il arrivait pour faire un match et il allait voir des gens qu’il connaissait de vue et qui étaient dans le public pour leur dire bonjour et tout ça.

Mes premières années où je suis allé là-bas à San Antonio, il me demandait des nouvelles de pleins de gens que moi-même je me souvenais à peine. Franchement, il est impressionnant pour ça. Il a cette personnalité. Pour l’anecdote et montrer un peu le personnage, on devait à l’époque participer aux phases finales avec l’équipe de Haute-Normandie. Ça tombait pendant son anniversaire au mois de Mai. A un moment, on était dans la cantine, ses parents avaient acheté les gâteaux, et il y avait les autres équipes. Au lieu de partager qu’avec nous, il avait coupé le gâteau en pleins de petits morceaux. Et il avait proposé à tous les joueurs qui étaient présents de prendre un bout de gâteau. C’est vraiment un mec qui a un bon cœur.

 

« Avoir deux gars qui sortent du même pôle espoirs et qui ont tous les deux un titre de champion NBA, c’est quelque chose. »

 

C’est toi qui a repéré Ian Mahinmi dans la cour de récré. Peu de coach peuvent se targuer d’avoir eu deux champions NBA sous leurs ordres quand ils étaient adolescents…

Bruno Suares : Je n’y pense pas forcément mais avoir deux gars qui sortent du même pôle espoirs et qui ont tous les deux un titre de champion NBA, c’est quelque chose. Que Tony et Ian auraient été chez nous ou non, ça n’aurait rien changé. Je ne pense pas que les coachs révolutionnent les joueurs. On participe à leur évolution mais on est une infime partie dans leur réussite sur leur parcours. C’est pour ça que jamais je me suis dit : « Ah, c’est fort quand même », je ne le vois pas comme ça du tout. Mais c’est quand même sympa d’avoir eu la chance de côtoyer deux joueurs exceptionnels.

Mis à part leur poste de jeu respectif, Mahinmi et Parker étaient-ils deux joueurs différents ? Se rapprochaient-ils dans la mentalité par exemple ?

Bruno Suares : Oui, il y en a un qui était à l’époque au pôle bourré de talents et de basket dans les mains, c’est Tony. Ian était complètement débutant au pôle, à tel point que l’on faisait des entrainements un peu spécifiques pour lui. Très souvent et très longtemps, les premiers entrainements, il était tout seul et n’était pas forcément dans le groupe parce qu’il ne pouvait pas s’exprimer avec. Après, dans la mentalité, je ne sais pas si c’est rouennais, mais ce sont de bons gars et ils se ressemblent. Ian s’est marié cet été au mois de juillet à San Antonio et il a invité tous ses potes d’enfance, les mecs avec lesquels il a grandi. Il y a Martin Le Pellec, Samir Mekdad, etc… il n’oublie pas non plus d’où il vient.

 

« Peut-être que c’est le fait d’avoir eu un mentor, un modèle comme Tony qui te motive et te booste »

 

Comment expliques-tu que la formation normande forme pas mal de joueurs pros (Liorel, Rambur, Le Pellec, etc…) ?

Bruno Suares : A l’exception de Ian, ce sont beaucoup de joueurs extérieurs. Peut-être que c’est le fait d’avoir eu un mentor, un modèle comme Tony qui te motive et te booste. Ulysse Adjagba, quand il est sorti du pôle, il m’a confié qu’il rêvait de suivre le même parcours en étant pris à l’INSEP et jouer à Mont Saint Aignan. Ce qu’il a réussi à faire à ma grande surprise alors qu’il avait encore beaucoup de lacunes techniques à cette époque. Régulièrement, les frères de Tony, TJ et Pierre, viennent parler avec les polistes que l’on a actuellement. TJ est venu en fin d’année faire des 1 vs 1 avec les gamins. Peut être que la chance d’en avoir eu quelques uns justement, ça booste un peu ceux qui arrivent derrière.

Cela fait plus de 20 ans que tu es présent dans le monde du coaching. Intégrer le monde professionnel fait-il partie de tes objectifs ou préfères-tu rester dans la formation ?

Bruno Suares : Franchement, pour l’instant, je ne suis pas forcément attiré par le haut-niveau. J’ai pleins d’amis qui y coachent et on discutant avec eux des galères qu’ils ont à gérer, etc… ça ne m’attire pas plus que ça. Surtout quand tu as eu la chose d’avoir eu pleins de gamins qui sont passés en pros, ils te le rendent bien. Quand tu vois le relationnel après que tu gardes avec eux et quand tu les vois même les faire changer pas simplement au niveau basket mais au niveau de la personnalité et tout ça, c’est une telle satisfaction que franchement ça ne me donne pas envie de quitter la formation et d’aller chercher la gloire en entrainant des pros ou des choses comme cela. Je suis vraiment bien ici.

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A propos de l'auteur de cet article
Alan Le Bolloch

Alan Le Bolloch

Alan est le fondateur et photographe de Basket-BallWorld ! Depuis plus de 10 ans, il partage sur ce blog sa passion pour la balle orange. Il voyage régulièrement aux États-Unis pour couvrir de nombreux matchs NBA. Alan est aussi l'auteur de l'ouvrage "Créer un site internet à succès : vivre de sa passion et réaliser ses rêves".
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