Pivot titulaire des Chicago Bulls, Nikola Vučević fait partie des meubles en NBA. Francophone, l’ancien coéquipier d’Evan Fournier à Orlando s’exprime dans un français parfait. Au terme d’une belle victoire des Bulls à domicile face aux Boston Celtics, nous avons pu discuter avec lui de plusieurs sujets. Dont son parcours jusqu’à l’élite du basket américain et le tant attendu NBA Paris Game 2023. Entretien.
Nikola, ça fait plus de dix ans que tu évolues en NBA. Tu disputes actuellement ta douzième saison dans la Grande Ligue. Individuellement, tu as été deux fois All-Star. Quelle rétrospective tires-tu sur ta carrière jusqu’à maintenant ? Es-tu satisfait du chemin parcouru ?
Quand j’ai commencé à jouer au basket, mon rêve était d’arriver en NBA. Juste le fait d’être ici est un rêve que je suis parvenu à concrétiser. J’en suis très content. Ensuite, bien sûr, quand tu arrives en NBA, tu veux toujours aller plus loin et accomplir de plus en plus de choses. C’est ce que j’ai réussi à faire chaque année depuis ma première saison. Mes deux sélections au All-Star Game représentent beaucoup pour moi. C’est quelque chose d’énorme. Je suis content de ma carrière jusque là. Mais, en même temps, je reste très motivé. Je veux continuer à progresser. Je pense que j’ai encore beaucoup d’années devant moi, durant lesquelles je peux faire encore mieux. On peut toujours faire mieux.
Jouer pour les Chicago Bulls, franchise rendue célèbre par Michael Jordan, faisait-il partie de ton rêve d’enfant ?
Pas forcément. Mon rêve, c’était juste d’arriver en NBA. La NBA est différente de l’Europe, où tu peux plus ou moins choisir où tu veux aller jouer. Ici, en NBA, c’est une équipe qui te choisie à la base. Après, lorsque tu changes d’équipe, ça dépend de si tu es free agent ou si tu es tradé. Mais bien sûr, maintenant que je suis à Chicago, je suis très content. C’est une franchise immense. J’étais fan des Bulls lorsque Jordan jouait ici. Cette franchise a marqué beaucoup de personnes de notre génération grâce à cette époque. C’est énorme d’être ici et spécial de jouer tous les soirs dans cette salle, voir tous les maillots retirés en haut : le 23 de Jordan, le 33 de Scottie Pippen… Et puis aussi les six titres… Les Chicago Bulls sont une franchise historique, qui a eu beaucoup de succès. D’autre part, la ville et les fans sont à fond dans le basket. Je pense que c’est une franchise qui a l’une des meilleures fans base en NBA.
« Apprendre la culture permet de s’adapter plus facilement ». Nikola Vučević
Tu as grandi dans différents pays, dont les États-Unis en fin de scolarité. Est-ce que ces quelques années aux USA t’ont aidé pour intégrer la NBA ?
Je suis né en Suisse quand mon père jouait là-bas. Puis j’ai vécu en Belgique pendant 12 ans. Ensuite, je suis revenu au Monténégro pour 4 ans. Après ça, je suis venu aux States pour ma dernière année de lycée et mes trois années à l’université. Ça m’a plus aidé dans le fait d’apprendre la culture, la mentalité des américains. A la fois sur et en dehors du sport. Ça m’a également été bénéfique au niveau de la langue, de manière générale mais aussi plus spécifique au basket. Apprendre la culture permet de s’adapter plus facilement. Je pense que ça devient naturel quand tu as vécu ici avant d’arriver en NBA. Ça aide beaucoup. Quand tu viens d’Europe, tout est différent. De mon côté, à travers ces expériences, j’avais déjà une idée de la façon de penser et de vivre aux États-Unis. Mais je pense que ce qui m’a aidé le plus et qui m’aide le plus pour m’adapter quand il y a une chose nouvelle qui m’arrive, c’est que j’ai vécu dans différents pays. J’ai vécu avec différentes cultures, je connais plusieurs langues. Tout ça m’a aidé.
Du fait de tes différentes nationalités (monténégrine, suisse et belge), a t-il été difficile de choisir le pays pour lequel tu allais jouer en équipe nationale ?
Non, car je savais que j’habitais ailleurs juste à cause du travail de mon père. Chaque été et hiver pendant les vacances, on rentrait au Monténégro. A la maison, on parlait uniquement en serbe. Je sais d’où je viens. C’était la Yougoslavie avant que ça ne devienne la Serbie-Monténégro puis désormais uniquement le Monténégro. Dans ma tête, j’ai toujours su que je venais de là bas. C’est la maison. Pour mes parents, c’était quelque chose d’important que ma sœur et moi connaissent nos racines, alors que l’on habitait autre part pour différentes raisons. De mon côté, c’est pareil avec mes fils désormais. Pour moi, c’est important qu’ils sachent que l’on habite aux États-Unis mais que l’on vient du Monténégro, qu’ils sont monténégrins à la base.
« J’aimerais rester en NBA le plus longtemps possible. »
Tu as joué une dizaine de matchs avec Buducnost pendant le lock-out NBA en 2011. A l’image des frères Gasol par exemple, est-il envisageable que tu termines ta carrière en Europe ?
Honnêtement, je n’y ai pas vraiment trop pensé. D’abord, j’aimerais rester en NBA le plus longtemps possible. Jusqu’à ce que je pense que je puisse toujours jouer à un haut niveau. Si un jour je vois que je ne suis plus à mon niveau et que je serai juste en NBA pour être sur le banc et ne pas jouer… Je prendrais une décision. Ça sera soit de mettre un terme à ma carrière et me tourner vers ma famille. Ou alors peut être aller en Europe pour un ou un deux ans. Mais, en même temps, je ne voudrai pas retourner en Europe si je ne peux pas jouer à mon niveau. Si je trouve que je ne suis plus pareil mentalement ou physiquement, je préférerai pendre ma retraite, passer du temps avec ma famille et prendre soin d’eux. On verra. Je pense qu’il y a encore du temps avant de penser à ça.
Ton équipe des Chicago Bulls va disputer le NBA Paris Game 2023 au mois de janvier. As-tu hâte de jouer ce match en France ?
Je suis très excité. Paris est l’une des mes villes préférées. J’y étais au mois de septembre. J’aime beaucoup Paris, donc je serai très content d’être là-bas. Jouer devant des fans européens, ça va être spécial aussi. Avec Killian Hayes, on sera deux joueurs francophones. Ça sera sympa. Il y aura plein de personnes de ma famille et de mon entourage qui vont venir me voir. Mes parents, ma sœur, mon oncle qui est coach en France, seront là. Ça sera l’opportunité pour beaucoup de mes amis de regarder un de mes matchs NBA en direct. Beaucoup n’ont pas eu cette occasion. Ça sera un match spécial pour moi, mais aussi pour tout le monde. J’ai pu disputer un match NBA à Londres, c’est cool aussi. Mais je pense que Paris, ça sera encore mieux. Jouer à Bercy, une salle historique, ça sera génial. Je serai content.