Après les Dikembe Mutombo, Serge Ibaka, Bismack Biyombo ou encore Emmanuel Mudiay, le prochain basketteur congolais qui rejoindra la grande ligue américaine se trouve actuellement peut être bien dans les rangs de l’équipe espoirs des Sharks Antibes en la personne de Gracin Bakumanya (2m12, 18 ans). Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir plus sur son parcours et ses ambitions.
Portrait de Gracin Bakumanya
Comme pour beaucoup de pivots, c’est sur le tard que Gracin Bakumanya effectue ses premiers dribbles avec la balle orange.
« J’ai commencé à 14 ans, je ne savais pas du tout jouer au basket. En y repensant, la manière dont je jouais était vraiment amusante (rires) », se remémore t-il.
C’est presque par pur hasard qu’il fut recruté par un club espagnol et que le basket allait devenir une passion plus que sérieuse pour lui.
« Avec ma famille, j’étais en vacances à Madrid et nous sommes allés voir un match du Real. Un coach là-bas m’a repéré car j’étais grand. Il m’a dit qu’ils allaient me donner des conseils pour progresser dans ce sport. Et comme j’aimais aussi le basket et que dans mon pays je ne jouais pas beaucoup, simplement à l’école et juste pour m’amuser, je suis resté en Espagne ».
« J’ai été classé prospect n°1 de ma catégorie d’âge en Europe » Gracin Bakumanya
Très vite, le jeune Gracin montre d’énormes progrès et devient redoutable pour les équipes adverses.
« Là-bas, j’ai beaucoup travaillé et progressé. J’ai été élu deux fois MVP d’un tournoi à Madrid et classé prospect n°1 de ma catégorie d’âge en Europe ».
Ses performances individuelles attirent l’attention des recruteurs du lycée américain de Montverde, situé en Floride et actuellement en course pour décrocher un quatrième titre national consécutif. Le natif de Kinshasa n’hésite donc pas à traverser l’Atlantique pour évoluer au sein d’une des plus prestigieuses académies de basket aux États-Unis. Malheureusement pour lui, il est l’un des plus jeunes de l’effectif et il ne disputera aucun match officiel.
« A Montverde, ça ne s’est pas passé pour le mieux, ce n’était pas la situation idéale pour moi. En cours d’année, je suis donc parti à Pantego dans le Texas. Mais je suis quand même resté un peu de temps à Montverde car j’avais l’opportunité et la chance de m’entraîner avec de grands joueurs tels que D’Angelo Russell (Los Angeles Lakers) ou encore Ben Simmons qui sera certainement n°1 de la prochaine draft NBA. Ils étaient plus âgés que moi et me motivaient à l’entraînement ».
Des entraînements au quotidien avec des futurs vedettes de la NBA
C’est donc aux côtés de futures superstars qu’il côtoiera alors au quotidien que Bakumanya poursuit son apprentissage du haut niveau. Suite à cette première expérience américaine mitigée, la possibilité d’un retour en Europe se présente. Le pivot sautera sur l’occasion. Arrivé sur la Côte d’Azur la saison passée, Gracin effectue d’abord ses débuts avec les Sharks dans la catégorie cadets France et U20, l’équipe professionnelle évoluant alors en Pro B et le club ne disposant donc pas d’équipe engagée dans le championnat Espoirs. Néanmoins, il s’entraîne régulièrement déjà au contact du groupe pro. Depuis la rentrée 2015/2016, ce prospect NBA effectue désormais tous les entraînements avec l’équipe Pro A. Il lui est même arrivé de faire trois fois le banc des pros les week-ends de match et d’effectuer deux apparitions de une et sept minutes sur le terrain. Son plus gros temps de jeu, obtenu sur le parquet de la Meilleraie à Cholet en l’absence de Moustapha Fall, le jeune africain s’en souvient. Il avait eu l’occasion d’arracher deux rebonds offensifs.
« Il y avait vraiment beaucoup d’ambiance. C’est très différent que pour les matchs espoirs où il n’y a personne à la salle. Mais c’est le même basket, mis à part que c’est un peu plus dur et physique, et que les joueurs ont aussi beaucoup plus d’expériences en pro », explique t-il pour évoquer les différences entre les niveaux Pro A et Espoirs Pro A.
Le leader des espoirs des Sharks Antibes
Chez les espoirs, Bakumanya est le leader offensif et défensif de son équipe. Il est couvé par Christian Corderas, coach qui a vu passer dans ses rangs les Timothé Luwawu-Cabarrot et Isaia Cordinier lors de ces trois dernières années. Tous de futurs potentiels joueurs NBA.
« Le coach m’aime beaucoup, il m’aide et me fait énormément travailler. Avec lui à Antibes, j’apprends beaucoup de choses sur et en dehors du terrain ».
Un temps meilleur rebondeur du championnat avec une dizaine de prises par match en moyenne, Gracin a début la saison en trombe avant de se voir ralentir par une blessure. De retour au top, il vient de battre le week-end dernier face au Mans Sarthe Basket son record de points dans la compétition avec 25 unités inscrites à son compteur personnel. A la mi-saison, cet intérieur prometteur fixe des objectifs collectifs élevés mais à la hauteur de ces ambitions personnelles à terme.
« Mon objectif est d’essayer de faire jouer mon équipe et de l’amener parmi le Top 5 du championnat. On est en retard mais il faut gagner tous les matchs. Il faut faire les efforts, il y a d’autres matchs qui nous attendent », avance Gracin, alors que son équipe pointe actuellement en 13ème position au classement général et dispose de 6 victoires de retard sur les équipes du Top 8.
« Individuellement, je travaille pour aller jouer en NBA. Je ne veux pas seulement être drafté et être simplement sur le banc, je veux aller le plus haut possible. C’est mon rêve et je travaille en conséquence pour essayer de devenir l’un des cinq meilleurs joueurs mondial à mon poste ».
Tim Duncan comme modèle
Très concentré sur ses objectifs, il va certainement se rendre de nouveau au pays de l’Oncle Sam l’été prochain pour se perfectionner encore et encore à l’occasion de workouts en compagnie de NBAers.
« Je veux travailler tous les aspects de mon jeu : mental, physique, etc. », clame t-il.
Et qu’en est-il des joueurs qui l’inspirent ?
« J’aime bien Tim Duncan des San Antonio Spurs. On n’a pas le même style de jeu, mais j’aime bien sa mentalité sur le terrain et la façon dont il joue et pousse son équipe ».
A seulement 18 ans, Gracin Bakumanya a tout l’avenir devant lui et encore 3 ans au maximum pour rejoindre la meilleure ligue au monde par la voie royale, le premier tour de la draft.
Interview Gracin Bakumanya : « En D-League, des gars y jouent leur vie »
Entretien du 23 octobre 2016
Aux États-Unis depuis cinq mois, l’ailier-fort congolais Gracin Bakumanya (2m11, 19 ans) évoluera en D-League cette saison avec les Northern Arizona Suns, l’équipe affiliée des Phoenix Suns. Mais avant d’obtenir un contrat dans l’antichambre de la NBA, l’ancien antibois a multiplié les workouts et essais avec plusieurs franchises américaines. Au cours d’un entretien qu’il nous a accordé, l’intéressé est revenu sur son été chargé, son choix de quitter la France et ses ambitions pour l’avenir.
Vous êtes arrivé début juin aux USA dans l’objectif de préparer la draft NBA. Comment se sont déroulés les workouts ?
J’en ai effectué quatre. Le premier a été avec les Houston Rockets et ça s’est très bien passé. Puis j’ai été invité à Milwaukee, Utah et Boston. On me disait que tout ce que je faisais était bien. Après ça, San Antonio et Golden State m’avaient aussi appelé mais je n’ai pas pu m’y rendre car le timing était trop juste avant la draft.
Vous avez donc décidé de conserver votre nom à la grande messe annuelle du basket américain, mais vous n’avez finalement pas été retenu par une équipe le jour J. Comment avez-vous vécu cette situation ?
J’avais des moyens d’être drafté donc j’étais déçu sur le moment. Surtout par rapport au plaisir que ça procure quand on appelle ton nom, la cérémonie qu’il y a autour de ta sélection. J’ai travaillé dur dans ma vie pour arriver là où je veux aller. Mais être drafté ne signifie pas avoir une garantie de temps de jeu de 30 minutes en NBA et être performant à chaque match. Ca ne m’empêche pas de travailler, au contraire ça m’a apporté encore plus de motivation. Actuellement, je travaille plus que jamais. Plus que demain.
Vous avez ensuite rebondi avec les Houston Rockets pour disputer la Summer League de Las Vegas. Comment s’est déroulé votre expérience avec la franchise texane ?
Avant la Summer League, je me suis préparé à Houston avec l’équipe pendant une semaine. Ensuite, pendant la ligue d’été, on disputait des matchs. Généralement, les jours où on en avait pas, on avait entraînement. Parfois, c’était day off. Malheureusement, on a pas eu la chance d’aller loin dans la compétition, puis chacun est reparti de son côté. Globalement, c’était une bonne expérience pour moi. J’étais avec de jeunes joueurs. Certains comme Michael Beasley et Montrezl Harrell me montraient l’exemple. Clint Capela aussi m’a beaucoup conseillé par téléphone pour que je puisse me servir de son expérience.
Que faisiez-vous quand vous n’étiez pas au contact d’une équipe NBA ?
Je me suis entraîné tous les jours à Miami, lieu de mon camp de base. Les dimanches de repos que je me suis accordé ont été rares. J’ai surtout réalisé beaucoup d’entraînements individuels avec un coach personnel. Mais j’ai également effectué des entraînements physiques sur la plage avec Chris Andersen et d’autres gars pour travailler le cardio, la détente, etc. Par ailleurs, je me suis aussi entraîné pendant plusieurs jours avec des joueurs de l’Université de Miami, d’autres provenant des Milwaukee Bucks. Ca s’est très bien passé.
Durant l’été, en attendant qu’une nouvelle opportunité se présente aux Etats-Unis, avez- vous pensé à revenir en Europe ?
Non. Dès que je suis parti d’Antibes, je ne pensais plus à retourner en Europe. Je cherchai plutôt une équipe aux USA pour jouer en D-League. C’était mon ambition.
Finalement, courant septembre, les Phoenix Suns vous ont proposé un contrat NBA non- garanti en intégrant leur roster pour le training camp. Un bon moyen pour progresser et faire un premier pas dans la grande ligue ?
Oui j’ai eu cette chance, une opportunité à saisir. J’ai tout le temps été avec l’équipe. J’ai pu me mesurer face à Tyson Chandler, qui est un exemple à suivre pour moi. A chaque fois, il ramenait l’énergie dans l’équipe et parlait. De mon côté, ça me motivait à faire tout ce qu’il faisait. J’ai 19 ans et lui 34 ans mais il criait comme s’il était très jeune. Il m’a aussi donné de très bon conseils, m’a apporté son expérience.
Vous avez ensuite fait la bascule depuis une dizaine de jours avec les Northern Arizona Suns. Comment ça se déroule ?
On prépare le camp de la D-League. On a deux entraînements par jour, à base de beaucoup de travail individuel en attendant que l’effectif affiche complet. Dix coachs sont à notre disposition. Ca se passe bien, ils m’aident à progresser et me poussent. Je travaille différents aspects de mon jeu : la défense, le renforcement musculaire pour être plus solide dans l’absorption des contacts, etc.
La saison va débuter d’ici deux semaines. Quelles seront vos ambitions personnelles ?
Tout d’abord, je souhaite dire que je suis vraiment prêt pour ça. J’aimerai être dans le cinq majeur, faire une très bonne saison en D-League. C’est un championnat compétitif et de développement, avec des joueurs qui ont les capacités pour évoluer en NBA. Certains joueurs passés par la D- League réalisent de très bonnes performances en Euroleague et en NBA aujourd’hui. Ca joue vraiment dur et ça défend, des gars y jouent leur vie !
Pour terminer, que diriez-vous aux personnes qui pensent que vous êtes parti trop tôt tenter votre chance aux USA ?
Je n’étais pas sûr d’avoir beaucoup de temps de jeu. Aussi, j’avais peur de m’éterniser en France et d’arriver tardivement en NBA, à 24 ou 25 ans par exemple. J’avais vraiment envie de partir et je me suis forcé à bien finir ma saison à Antibes avant de le faire. Je pense que la D-League va beaucoup m’aider. Aucun joueur dans cette compétition ne va te laisser faire ce que tu veux sur le terrain. De plus, ça va me permettre d’avoir la mentalité américaine et m’y habituer. Beaucoup de joueurs européens qui arrivent en NBA ne parviennent pas automatiquement à s’habituer dans leur système, leur style de jeu. J’ai la chance de pouvoir jouer en D-League, ce qui me permettra de ne pas perdre de temps avec ce genre d’aspects lorsque j’intégrerai la grande ligue et donc être performant de suite au moment venu. En cinq mois passées aux États-Unis, j’ai déjà énormément progressé. Je me sens à l’aise dans mon jeu comme jamais je l’ai été auparavant. J’ai encore des progrès à faire mais ma mentalité et ma façon de jouer ont changé de façon positive. Je suis vraiment béni d’être ici et de travailler avec toutes les personnes que je côtoie.
G-League : Gracin Bakumanya, de l’Arizona au Wisconsin
Article publié le 28 octobre 2017.
Passé par le centre de formation des Sharks Antibes de 2014 à 2016, le jeune pivot congolais Gracin Bakumanya (2m11, 20 ans) évoluait en G-League la saison passée sous les couleurs des Northern Arizona Suns. Il s’agit de l’équipe affiliée aux Phoenix Suns. Juste avant, il avait inscrit son nom à la draft NBA 2016. Néanmoins, il n’avait pas été retenu par une franchise NBA. A la suite d’un exercice 2016/2017 d’apprentissage (il compilait 2.9 points et 3.5 rebonds en 11 minutes de temps de jeu en moyenne par match) dans la ligue de développement du meilleur championnat au Monde, le natif de Kinshasa a changé de climat durant l’intersaison.
Deuxième choix des Wisconsin Herd (liés aux Milwaukee Bucks) lors d’une draft d’expansion organisée pour les quatre nouvelles équipes intégrées à la G-League cette année, Bakumanya a débuté lundi dernier à Oshkosh le camp d’entraînement de son nouveau club avec ses nouveaux coéquipiers. Son premier match de la saison régulière est programmé le 6 novembre prochain. Ça sera à l’extérieur, sur le parquet des Rio Grande Valley Vipers.